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Sarah Haïlé-Fida

7 différences culturelles

qui impactent les relations Français-Néerlandais au travail

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Si proche et pourtant si loin… C’est un peu ce que l’on se dit quand on pense aux différences culturelles entre la France et les Pays-Bas.

Au travail, c’est pareil ! Il y a les différences qui sautent aux yeux et puis celles plus subtiles, que l’on met parfois longtemps à percevoir ou à comprendre. Nous vous en proposons un petit aperçu ici.

1. Le temps… c’est de l’argent !

Les Néerlandais n’accordent vraiment pas beaucoup d’importance au déjeuner :  un sandwich, du lait, 30 minutes chrono et hop ! On retourne derrière son écran – si tant est, bien sûr, qu’on s’en soit éloigné…  La pause déjeuner n’a pas pour fonction de socialiser entre collègues : elle a comme unique objectif de se nourrir. 

Le déjeuner à la néerlandaise a même sa page Instagram suivie par plus de 23 000 personnes.

Cette économie de temps s’applique aussi aux déjeuners d’affaires. Quand un commercial français rencontre un commercial néerlandais aux Pays-Bas, il ne comprend pas que le déjeuner qu’il anticipait comme un moyen de faire connaissance et de tisser des liens de confiance soit si… bref ! Et inversement, en France, des Néerlandais ne comprennent pas toujours que l’on reste à table si longtemps, alors que l’on pourrait travailler.

2. Si tu es à l’heure, tu es en fait en retard
(proverbe néerlandais – ou tout comme)

Être en retard ne se fait tout simplement pas. Les réunions commencent et finissent à l’heure. Les appels se font à l’heure dite, etc. La ponctualité va de soi et le quart d’heure français est mal venu. 

C’est toute la gestion et la notion du temps qui sont différentes de la France. Et cet aspect est souvent difficile à faire entendre aux entreprises françaises. Quand elles disent que le contrat d’un candidat sera prêt le vendredi à midi, elles pensent dans l’après-midi. Le candidat, lui, à 12h01 se dit que son embauche n’aura finalement pas lieu !

3. Le respect des horaires, c’est aussi quitter le bureau à l’heure

Le présentéisme – ce mal très français qui consiste à rester tard au bureau et à venir travailler même s’il on est malade – n’a pas sa place dans les organisations néerlandaises. On commence sa journée tôt et on s’autorise à quitter le bureau vers 17h30. Cela s’explique aussi car le dîner se prend tôt, vers 18h, et que l’on attache une grande importance à l’équilibre de vie. Être rentré à l’heure pour prendre le dîner en famille est considéré comme normal.

4. Le temps partiel : un vrai choix ou le poids de la tradition ?

Les Pays-Bas sont champions d’Europe du travail à temps partiel avec 50 % des salariés travaillant à temps partiel et 75 % des femmes. Cela est-il dû uniquement au désir d’avoir un équilibre de vie entre travail et vie de famille ? Ou le prix (très) élevé des crèches et le fait que l’école finisse vers 15h jouent-ils un rôle?

Il semble que la société néerlandaise ait une vision assez traditionnelle du rôle de la mère de famille qui doit consacrer du temps à élever ses enfants et ne pas déléguer la charge de leur éducation. C’est en tout cas ce qu’explique ce panel interdisciplinaire.   

Néanmoins, seulement 7 % des femmes travaillant à temps partiel souhaiteraient travailler 35 heures/semaine si elles en avaient la possibilité (le temps complet aux Pays-Bas est 40h/semaine). Le temps partiel ne serait donc pas subi mais plutôt un choix.

 
 

 

 

5. Vous êtes malade ? Pas besoin de certificat médical

En cas d’absence pour maladie, pas besoin de passer par la case médecin et certificat médical. Il suffit de prévenir le matin même. Cela ne veut pas dire que votre manager doit accepter sans rien dire (il peut vous demander de consulter le médecin du travail : bedrijfsarts), mais que vous n’avez qu’à prévenir. 

L’idée est que seul le médecin du travail est habilité à établir si vous êtes apte ou pas à travailler. Votre médecin de ville peut avoir son idée mais son avis n’aura pas de poids face à celui du médecin du travail (article en néerlandais).

6. Tout dépend du contexte

En tout cas pour les Français. Dans les cultures où le contexte est important (“high context »), la communication est souvent faite de nuances, d’implicite, et un certain nombre d’éléments peuvent être laissés à l’interprétation. 

Mais ce que les Français perçoivent souvent comme de la politesse et du savoir-vivre est perçu par les Néerlandais comme des circonvolutions difficiles à suivre, voire un manque d’honnêteté. Car aux Pays-Bas le contexte est peu important (“low context »). Cela implique que l’on communique de façon simple, claire, sans sous-entendus. Le message est explicite et précis. Ce que les Français interprètent parfois comme de l’impolitesse.

La façon dont nous comprenons l’implicite est très différente de la façon dont les Néerlandais le comprennent (c’est-à-dire, en fait, ne le comprennent pas).

 

Histoire vécue :

Personne néerlandaise : “Tu veux un café ?”

Personne française : “Merci, je viens d’en prendre un”

Personne néerlandaise : “Et donc, tu en veux un ou pas ?”

 

Ce qui signifie aussi que si vous pensez avoir droit à quelque chose (une augmentation, une promotion, la participation à un projet qui vous intéresse) il faut le dire et le demander. N’espérez pas que l’on vienne vous proposer de participer à un projet si vous n’avez pas exprimé clairement votre désir d’en faire partie.

7. Et l’autorité dans tout ça ?

Il est probable que de nombreux managers français n’aient pas compris ce qui leur arrivait au moment de leur prise de poste aux Pays-Bas : des stagiaires qui remettent en question des décisions, des réunions d’information qui deviennent des forums de discussion, le refus de faire ce qui est demandé parce que l’on est occupé à autre chose, etc.

La société néerlandaise se veut égalitaire et cela se ressent dans le monde du travail et dans le leadership. Chacun a voix au chapitre et les décisions sont prises de façon collégiales (le fameux modèle des polders). Dans cet article, Erin Meyer, auteur de The Culture Map, explique comment cela se ressent y compris dans les grandes organisations.

Alors non, cela ne protège pas toujours des “petits chefs”, parce que l’ego peut s’exprimer dans toutes les cultures et que dans des entreprises internationales, la culture de leadership va dépendre du mix culturel au pouvoir.

 

Gestion du temps, attention portée au statut, possibilité de donner son avis, autant de différences que l’on peut noter entre les entreprises néerlandaises et françaises. Ces différences ne nient pas les différences interpersonnelles : elles se mêlent les unes aux autres.