Comment apprendre le français à mes enfants aux Pays-Bas ?

Il existe deux sortes de mémoire : la mémoire implicite et la mémoire explicite. La mémoire implicite concerne les souvenirs et les assimilations inconscientes ou passives. La mémoire explicite concerne les informations que l’on veut activement retenir. crédits Pauline Boué

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Si votre cœur se serre quand vous entendez vos proches restés en France s’émerveiller des progrès linguistiques de leurs enfants, levez-la main ! Pourtant, votre petit néerlandophone aussi développe son vocabulaire à toute allure, enfin, si vous en croyez votre entourage.

D’accord, votre environnement familial est d’une richesse fantastique, mais ce n’est pas pareil et voir vos propres parents patauger quand l’enfant leur parle dans une langue qu’ils ne comprennent pas, c’est aussi très douloureux.

Cet article est destiné aux familles où seulement l’un des parents parle français et devrait rassurer les pères et les mères qui désespèrent de ne pouvoir échanger que des informations très basiques dans leur langue maternelle avec les amours de leur vie. Un jour, c’est promis, votre enfant sera capable de vous rabattre le caquet en français et vous narrer sa vie dans les moindres détails.

Comment ça fonctionne, l’apprentissage des langues ?

Avant de nous lancer dans le vif du  sujet, étudions le fonctionnement du cerveau supersonique de notre progéniture pour comprendre ce qui se passe dans sa caboche lorsqu’elle apprend à parler.

La mémoire inconsciente des plus petits

Il existe deux sortes de mémoire : la mémoire implicite et la mémoire explicite. La mémoire implicite concerne les souvenirs et les assimilations inconscientes ou passives. La mémoire explicite concerne les informations que l’on veut activement retenir.

La mémoire des petits est majoritairement “implicite”. Ils n’ont pas encore les capacités cérébrales suffisantes pour classer et retenir activement les informations et les absorbent inconsciemment, avant qu’elles ne rejaillissent un peu comme par magie (parents admiratifs au rapport). Au fur et à mesure que les enfants se développent, leur mémoire implicite cède sa place à la mémoire active. Au début de l’adolescence, la nature estime qu’ils sont capables de tout apprendre par eux-mêmes. C’est parfaitement faux.

Apprendre plusieurs langues, un processus naturel

Ce processus d’apprentissage est le même, que l’enfant assimile une ou plusieurs langues à la fois. On a longtemps cru que cette exposition plurielle risquait d’appauvrir le vocabulaire général des petits bilingues, mais on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un mythe, tout comme leur retard de langage présumé. Si ses premières tirades risquent de mixer toutes les langues qui existent sur terre, votre marmot les manie de façon distincte et adaptée autour de quatre ans.

Les facteurs qui favorisent l’apprentissage

En théorie, un enfant pourrait même intégrer de nombreux idiomes à la fois. Bonne nouvelle pour les couples d’expatriés qui mixent les langues à la maison et inscrivent leurs enfants dans le système scolaire néerlandais

En pratique, la réalité est plus nuancée et l’aisance de l’enfant avec ses différentes langues dépend également d’un certain nombre de facteurs :

  • Si les phases du développement sont à peu près les mêmes pour tous, certains enfants ont une appétence et des facilités naturelles pour les langues, quand d’autres ne seront jamais des polyglottes de génie. Ils se rattraperont ailleurs, chacun son truc.
  • Plus un enfant est exposé à une langue, plus il sera susceptible de la retenir (NO SHIT!). Même si les enfants sont des éponges, il ne leur suffit pas d’entendre un terme, une fois, pour le retenir. Ce n’est pas non plus de la sorcellerie.
  • Une langue fait partie d’un bagage culturel global. Apprendre une langue ce n’est pas juste retenir des termes, c’est envisager un monde différent, avec ses rites, ses légendes. Les parents qui parlent leur langue à leurs enfants ne transmettent pas seulement des mots, ils racontent leur histoire. Si cette histoire est compliquée ou amère, l’apprentissage linguistique s’en trouve compromis.
Comment apprendre le français à ses enfants :

Monolingue ou multilingue, l’enfant apprend à parler en écoutant autour de lui. Vous devez donc lui parler français, si possible exclusivement. Beaucoup de petits binationaux intègrent naturellement leurs langues respectives, simplement au contact de leurs parents et de leur entourage. Il ne s’agit malheureusement pas d’une science exacte et d’une famille à l’autre, les niveaux et les attitudes des enfants varient. Certains s’expriment parfaitement, d’autres mélangent un peu les tournures, ou rechignent même à le parler. Frustrant, mais pas irrévocable. 


Définir des objectifs et dresser des attentes réalistes :

Idéalement, nous voudrions que l’enfant ait un niveau de français qui lui permette d’intégrer l’Académie française avant ses 15 ans. Dans la vraie vie, c’est bien d’être lucide, aussi. À vous de réfléchir au niveau que vous souhaitez vraiment que votre enfant atteigne, et aux raisons qui motivent ce souhait. Par exemple, rester définitivement aux Pays-Bas n’entraîne pas les mêmes exigences qu’un projet de retour en France dans le futur. Accents, erreurs de syntaxe, genrage approximatif, autant de détails qui n’ont pas toujours beaucoup d’importance quand l’enfant passera probablement sa vie hors de l’Hexagone.

 

C’est une lourde responsabilité (et un grand honneur) de porter seul la charge d’un héritage linguistique. Peut-être qu’en imaginant le regard désapprobateur de vos propres parents, vous seriez tenté de transformer chaque conversation avec vos héritiers en cours particulier, évaluations à la clef. Attention ! Les enfants (et en fait, les adultes aussi) détestent se retrouver piégés au beau milieu d’une leçon de grammaire rigide, alors qu’ils s’attendaient à passer un moment en toute détente avec leurs darons.

Les experts conseillent d’ailleurs de ne pas reprendre un enfant qui se trompe, mais de reformuler correctement sous forme de question :

 

 “ – Je veux un cookie eeten
– Ah tu veux manger un gâteau ?

 

Considérez votre rapport à la langue et multipliez les ressources

Quel est votre rapport à votre langue maternelle et à votre pays d’origine ? Quels souvenirs et références partagez-vous avec votre enfant ? Vous contentez-vous de lui parler français, ou lui racontez-vous vos madeleines de Proust, vos souvenirs d’enfance et vos anecdotes préférées ? Associer une langue à des souvenirs heureux et inviter votre enfant dans votre univers, pourrait bien changer la donne.

 

C’est également le moment de vous mettre aux podcasts et de redécouvrir les morceaux de variétés préférés de votre adolescence. Diffusez vos hits favoris sans modération, malgré les plaintes de votre partenaire dont les oreilles implorent la pitié dès le troisième passage de “Je serai, ta meilleure amie” de Laurie. Pour finir, ne zappez plus jamais l’histoire du soir en français, d’autant plus que vous pouvez trouver des albums jeunesse francophones à la vente ou à emprunter* un peu partout aux Pays-Bas.

 

L’astuce Francine : Choisissez des ouvrages adaptés à la tranche d’âge en dessous, dont le contenu reste intéressant, mais le vocabulaire accessible.
De manière générale, n’hésitez pas à saisir toutes les occasions pour exposer vos enfants à votre langue. Cela passe par les visites des proches restés au pays, les retours annuels en France, mais également par les contacts réguliers avec d’autres francophones. Bonne nouvelle ou fléau, 29 % de la population vivant aux Pays-Bas parle français. Et parmi elle, plus de 17 000 Français. Vous devriez trouver des volontaires pour rejoindre votre french connexion.

Comment apprendre et consolider le Français aux Pays-Bas ?

Les grandes villes néerlandaises regorgent de parents bi-nationaux munis d’enfants polyglottes qui font leur fierté, mais que personne ne comprend dans leurs familles respectives.

 

Si l’assimilation passive maison ne suffit pas, ou qu’elle ne permet pas à l’enfant d’atteindre le niveau convoité, pas de panique. Des professionnels compétents sont là pour prendre le relais via des cours et des activités.

 

L’avantage de ces cours et de ces séances, c’est qu’au-delà d’une acquisition linguistique, ils permettent de rencontrer d’autres petits et grands Français, de découvrir nos us et coutumes (fêtes, chansons, célébrations) et de s’intégrer dans une communauté francophone de manière ludique.

 

La question des établissements scolaires français ou internationaux :

Aux Pays-Bas, comme dans de nombreux pays, il existe des établissements scolaires français ou internationaux, comme le Lycée français Vincent Van Gogh de La Haye (et son antenne primaire à Amsterdam), l’International French School d’Amsterdam et l’International school of Bergen. Ces écoles privées présentent l’avantage d’assurer la continuité linguistique dans le cas d’un court séjour dans un pays, ou lorsque les parents sont amenés à déménager régulièrement. Les frais d’inscriptions sont par ailleurs très élevés même s’il est possible d’obtenir une bourse, selon certains critères.

Où apprendre le français aux Pays-Bas ? Les recommandations Francine :

L’Alliance Française : les Alliances d’Amsterdam, de La Haye et de Rotterdam proposent des cours de français dès trois ans. Jusqu’à six ans, les séances s’articulent autour d’activités et de jeux. À partir de 6 ans, les enfants apprennent à lire le français.

Alliance française d’Amsterdam

Alliance française de La Haye
Alliance française de Rotterdam

L’école de Français : Les cours de français dispensés à l’école de Français sont ouverts à tous les petits francophones dès le berceau (ou presque). Selon l’âge et le module choisi, les petits participent à des activités ludiques, pratiquent le théâtre en français ou suivent des cours plus classiques.

L’école de Français

La fondation En famille : Deux fois par mois, cette association accueille les petits Français par groupe d’âge. Lors de ces matinés, les enfants explorent la langue via des chansons, des activités et des jeux, élaborés selon leur âge. De leur côté, les parents profitent de ces moments pour se rencontrer et échanger.

La fondation En famille

L’association Francofilous : Francofilous est une association qui accueille les familles françaises et francophone et propose des activités en Français dès 3 ans.

L’association Francofilous

Les initiatives ponctuelles et / ou indépendantes : Entre les associations francophones et les initiatives professionnelles des expatriés, il y a souvent des événements qui sans être nécessairement destinés à l’apprentissage actif du français, permette de le parler et de l’écouter. Que ce soit lors de cours de sport, de lectures de contes, de spectacles de marionnettes, ou de dégustation de galette des rois (un must associatif dans notre pays d’accueil).

Dans un article récent, nous vous présentions des activités en français à faire sur Amsterdam. Apprendre le français en faisant de la Capoeira ou de la guitare, cela peut aussi être une solution.

*Trouver des livres en Français aux Pays-Bas

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Il existe deux sortes de mémoire : la mémoire implicite et la mémoire explicite. La mémoire implicite concerne les souvenirs et les assimilations inconscientes ou passives. La mémoire explicite concerne les informations que l’on veut activement retenir.