Confessions d’une écologiste en perte de repères

Ce billet d’humeur s’adresse à tout ceux qui, comme moi, ont le sentiment d’abattre un ours polaire chaque fois qu’ils doivent jeter du verre dans le restafval ; à ceux qui ont des envies de meurtre en constatant que leur voisin a encore jeté ses emballages en carton avec le plastique ; à ceux qui ont déjà cherché sur Google comment trier leurs boîtes de conserve à Amsterdam ; et même à ceux qui, toujours comme moi, ont entrepris de faire un élevage de vers de terre sur leur balcon pour recycler les déchets organiques. À tous ceux qui, pourtant, finissent par s’adapter.

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Oui, les Dutch trient leurs déchets

Lorsque je suis arrivée aux Pays-Bas, j’ai été particulièrement étonnée (pour ne pas dire choquée) de constater que mes amis Néerlandais se souciaient du tri sélectif comme d’une guigne. Comme tous mes compatriotes trentenaires, j’ai été sensibilisée au recyclage dès la primaire afin de devenir l’ambassadrice du tri sélectif dans mon foyer (je me souviens encore de mon air supérieur en expliquant à ma mère le management complexe des différentes poubelles). 

Quelle ne fut pas ma surprise, donc, en constatant que les Dutch de mon entourage ne recyclaient qu’occasionnellement.

Mais je pense finalement être assez mal entourée car les Néerlandais recyclent tout de même 58 % des 490 kilos d’ordures qu’ils produisent par personne et par an (254 kg en France). Si les Dutch produisent plus de déchets que la moyenne européenne, ils trient davantage que leurs voisins. 

Toutefois, ils jettent plus de 170 kilos de déchets dans la poubelle « normale », et par « ils », je veux bien sûr dire « nous ».

Ta mission, si tu l’acceptes : trier à Amsterdam

Je le reconnais, Amsterdam a mis ma volonté de trier à rude épreuve. 

  • Telle une exploratrice, j’ai dû sillonner chacune des rues de mon quartier avant de mettre la main sur une poubelle orange grâce à cette carte aux trésors.
  • L’ouverture des poubelles à papier est ridiculement petite, donc mes cartons ne rentrent jamais, malgré mes origamis.
  • Ceux qui pourraient théoriquement rentrer ne rentrent quand même pas car les poubelles sont toujours pleines (je ne suis pas la seule à trier finalement).
  • Il m’a fallu mener une enquête approfondie pour savoir comment trier le métal. 
À Rome on trie comme les Romains

Trier mes poubelles aux Pays-Bas me demande tellement d’effort que j’ai le sentiment d’être aussi impliquée dans la protection de l’environnement que Nicolas Hulot. Alors, forcément, je lâche du lest : il m’arrive de ne plus retirer le scotch en plastique des emballages en carton, les agrafes du papier et la fenêtre des enveloppes. Il y a clairement du relâchement.


Le pire : ma consommation astronomique de plastique. Alors qu’en France j’ai la réputation méritée d’être une ayatollah du zéro déchet, aux Pays-Bas je me résigne face à ces Hollandais convaincus qu’emballer un concombre est un geste écologique puisque ça augmente sa durée de conservation.

Si le suremballage est un concept bien intégré par les Français, les Dutch ne semblent pas du tout concernés par la question. Le plastique est partout et nous achetons chaque année 26 milliards d’emballages alimentaires en plastique, soit quatre par jour par personne en moyenne.  Et là, je tire mon chapeau à ceux qui font baisser cette moyenne : j’ai fait le calcul, et ça va très vite.

Albert Heijn, mon premier dimanche à Amsterdam. Tandis que je flâne le long des rayons, dubitative face à l’offre plantureuse de légumes méditerranéens en provenance des Pays-Bas, je suis surprise par une brise rafraîchissante. Sous mon regard ahuri, les emballages en plastique des fruits et légumes sont généreusement arrosés par un brumisateur.

À Amsterdam, j’ai réalisé que ma passion recyclage était finalement plus culturelle que personnelle et qu’en devenant hollandaise, je perds quelques-unes de mes bonnes pratiques qui n’étaient alors peut-être pas des convictions profondes mais de simples habitudes.

Toutefois, il n’est jamais trop tard pour redresser la barre ! J’ai donc contacté Milieu Centraal avec une liste interminable de questions : Mariska Joustra, responsable de la communication, a eu la patience d’y répondre et j’ai compilé un guide pratique du tri sélectif aux Pays-Bas.