Germaine Krull à l’honneur à la Huis Marseille : L’expo qui donne envie d’expo.

On le sait tous, ce ne sont ni la pluie, ni le vent qui arrêteront quiconque dans son quotidien aux Pays-Bas, il faut juste un peu s’adapter. Point de pic-nique dans un parc ou de cocktails en terrasse cet été, donc. Mais les musées ont vu une augmentation de leurs visites ces derniers temps. D’après le Museum Vereniging, 2023 pourrait même détenir un record de fréquentation

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Mathilde

On le sait tous, ce ne sont ni la pluie, ni le vent qui arrêteront quiconque dans son quotidien aux Pays-Bas, il faut juste un peu s’adapter. Point de pic-nique dans un parc ou de cocktails en terrasse cet été, donc. Mais les musées ont vu une augmentation de leurs visites ces derniers temps. D’après le Museum Vereniging, 2023 pourrait même détenir un record de fréquentation, et j’ai moi aussi arpenté les couloirs de quelques musées cet été. Je viens aujourd’hui vous conter l’une de ces visites.

Heureuse détentrice d’une Museumkaart, me voila en direction du Huis Marseille. Un peu moins connu que son voisin le Foam, le Huis Marseille est pourtant un autre musée de qualité dédié à la photographie, à Amsterdam. Il présente en ce moment deux expositions: « Take This with You / Pran sa avèk ou » de Widline Cadet et « Variétés. Photography and the Avant-Garde ». C’est sur cette exposition là   que j’ai eu envie de m’attarder. . 

 

L’avant garde, c’est mon dada

Comme son titre l’indique, elle se penche sur « Variétés », un magazine belge édité entre 1928 et 1930. Sortie de la première guerre mondiale, cette période marque un tournant dans le monde de l’art, avec, notamment, l’émergence des mouvements dadaïste et surréaliste qui amènent un nouveau langage esthétique. Il touchera de nombreux domaines: photographie, peinture, architecture, design … Huis Marseille nous invite à plonger dans ce nouveau langage empli de poésie. Lorsque l’on pense à cette période artistique, quelques noms viennent en tête: Man-ray, Marcel Duchamps, Paul Eluard ou Louis Aragon. Sans grande surprise, un casting 100% masculin. Pourtant en arpentant le musée, un nom revient : Germaine Krull. Qui est donc cette artiste, dont je n’ai jamais entendu parler, qui a photographié les rues de Paris et d’Amsterdam ?

Germaine Krull : une artiste aux mille vies

Ni une ni deux, j’arrive chez moi, pour enquêter sur cette Germaine. Et son parcours est effectivement fascinant. Née en Pologne, en 1897, son enfance est marquée par de nombreux déménagements: Balkans, France, Suisse, Autriche, Slovénie, puis la famille Krull finit par s’installer en Allemagne. 

Un peu par hasard, elle fait des études de photographie et contribuera à inventer le reportage photographique moderne.

Elle doit notamment sa notoriété à sa série « Métal » publiée en 1928, dédiée aux paysages industriels photographiés entre Paris, Marseille et les Pays-Bas. Durant son parcours, elle rencontre Joris Ivens, un réalisateur de documentaires néerlandais, avec qui elle a un mariage de complaisance en 1927. Le travail de l’un.e influencera celui de l’autre.  (Certains des films de Joris sont également présentés pendant l’exposition). 

Engagée comme résistante, Germaine utilise la photographie pour faire des reportages durant la seconde guerre mondiale. Devenue donc reporter de guerre, elle part ensuite en Indochine.

En 1946, elle s’installe en Thaïlande comme gérante d’un hôtel, tout en poursuivant son travail photographique en Asie du Sud-Est. Vient ensuite un reportage sur les Tibétains réfugiés en Inde, puis elle revient en Europe pour y finir sa vie.

Je vous avais prévenu : une vie fascinante ! Le Huis Marseille nous propose donc de voir quelques-uns de ses clichés,une porte ouverte vers le travail riche d’une artiste de talent. Et elle n’est pas la seule, puisqu’au côté de Man-Ray,  Eli Lotar, ou László Moholy-Nagy d’autres artistes pionnières sont mises à l’honneur comme Berenice Abbott et Florence Henri. Une exposition à découvrir jusqu’au 22 octobre.