L’amour est dans le park

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Il y a des histoires d’amour qui affectent l’Histoire, la littérature ou le septième art. Le drame romantique qui se joue dans cet article est une histoire vraie. En 2004, la rencontre de nos deux protagonistes changera à tout jamais leurs vies mais également le paysage urbain amstellodamois. Retour sur l’histoire tragique de *Jennifer* et Guus, les deux cigognes du Vondelpark.


Il était une fois…

Tout avait commencé comme un conte de fées pour Jennifer. La cigogne belle et rebelle voyageait depuis sa naissance de villes en villes et de pays en pays, libre et heureuse, sans attache. Le seul point noir à son bonheur ? Son horloge biologique qui ne cessait de lui rappeler qu’il était temps de trouver un mâle et de faire des œufs. Lors d’un déplacement aux Pays-Bas, elle fait la rencontre de Guus, la star locale. Entre la belle sauvage et le tombeur d’Artis, c’est un véritable coup de foudre. Et si, jusque là, les infidélités de Guus étaient le sujet chaud de tous les becs d’Amsterdam, il a semblé à tous qu’avec Jennifer, il était prêt à se ranger. Sa cour incessante ponctuée de salutations et claquements de becs eut vite raison des hésitations d’une Jennifer déjà conquise. Très vite (trop ?), le couple s’est construit un superbe nid avec vue imprenable sur les courts de tennis de Vondelpark. Toutes les cigognes femelles de la région jalousaient Jennifer. Qui était cette belle étrangère ? Comment avait-elle réussi à faire du tombeur de la ville le mari idéal ? Ces questions étaient sur tous les becs.

La dure réalité du mariage

Le couple eut très rapidement son premier œuf, puis son deuxième et son troisième. Jennifer dut alors garder le nid, pendant que Guus prenait en charge les missions chasse et consolidation de l’habitat. Malheureusement, ces nouvelles contraintes, pourtant bien naturelles, mirent un terme à l’état de lune de miel des deux tourtereaux. Guus était meilleur claqueur de bec que constructeur de nid. Les reproches remplacèrent les chants d’amour et la passion commença alors à s’effriter au rythme des chutes de brindilles, foin, paille et bouts de tissus. Si Guus commençait à regretter Artis, et sa vie sans astreinte, Jennifer se lamentait de ne plus pouvoir voler et craignait que le nid ne tienne pas, face aux intempéries. L’état de leur habitation faisait, en effet, peine à voir. Au point que des promeneurs, habitués du parc, décidèrent de venir en aide au couple et de consolider le nid avec des planches.

 

Drame dans le peuplier

Était-ce l’excuse qu’attendait Guus ? L’histoire ne le dit pas. Mais un jour, alors qu’une énième dispute éclata entre sa belle et lui, il décida de partir pour de bon. Sous prétexte d’aller chasser, Il rendit visite à son amie *Angelina* qui avait l’habitude de nicher du côté de Frankendael. Celle-ci, trop heureuse, l’accueillit à ailes ouvertes. 

Guus ne revint plus jamais voir Jennifer, ni leurs œufs. Ce fût un coup terrible pour la belle rebelle qui était désormais coincée. Tenaillée entre sa faim et son devoir, elle n’osait pas quitter le nid de peur de mettre en danger ses petits à naître. Un énième jour de disette, n’y tenant plus, elle partit chasser. À son retour, elle fut accueillie par une scène de désolation, ses œufs avaient été la proie des corbeaux. Criant de désespoir, notre héroïne s’envola et quitta le pays à jamais. 

Que sont-ils devenus ?

*Contacté par la rédaction, Guus n’a pas souhaité répondre aux questions de Francine*, et Jennifer reste introuvable, depuis le drame

On peut apercevoir Guus couler des jours heureux à Frankendael avec *Angelina*, *Barbara*, *Cindy*, *Jill* ou *Stéphanie*, selon les années. On reconnaît au Don Juan d’Amsterdam la paternité d’une vingtaine de cigognes. Ses qualités de constructeur de nid n’ont, quant à elles, pas connu d’amélioration au fil des ans.

Le SAViez-vous ?

Suite à ce drame, l’association De Vrienden van het Vondelaprk à décidé de placer un nid de cigognes au cœur du Vondelpark. 

Ils ont érigé, cette année-là, un grand poteau avec à son bout un pneu de voiture. Ce n’est qu’à partir de 2007 qu’un couple a décidé de nicher là. 

Depuis, tous les ans, le nid est occupé. 

Il existe plusieurs nids de cigognes érigés par l’homme dans et aux alentours d’Amsterdam. Sur cette carte vous pouvez tous les voir. 

Observer nos amis aux ailes bicolores, n’est-ce pas le motif parfait d’un prochain tour à vélo  ?

Les cigognes, qui avaient presque disparu du pays au début du 20e siècle, sont, maintenant bien réintroduites.

Selon la tradition néerlandaise, apercevoir une cigogne en vol porte bonheur.  

Un moT de la RÉDaction

 Sont encadrés par deux * les noms et éléments de ce texte qui proviennent de l’imagination de l’auteur. Tout le reste de ce récit est issu des témoignages très sérieux de membres de De Vrienden van het Vondelaprk et de la Gemeente d’Amsterdam. Nous tenons d’ailleurs à les remercier pour leur gentillesse et leur disponibilité.