Les Dutch sont-ils francs
ou simplement malpolis ?

Chloé rédige pour francine à vélo

Chloé Genovesi Fluitman vit au Pays-bas depuis 13 ans avec un Dutch et leurs deux enfants binationaux. Depuis quelques mois, elle a enfin sauté le pas : elle fait de sa passion pour l’écriture son métier. Rendez-vous sur son site pour retrouver ses chroniques piquantes et son actualité de rédactrice.

 

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Les Néerlandais sont réputés pour leur franchise à toute épreuve. À l’image d’un mode de vie souvent détendu et sans prise de tête, les interactions sociales sont directes et sans fioritures. Au plus grand étonnement des expatriés et des touristes sidérés par ce manque flagrant de savoir-vivre. Mais tout est une question de point de vue.

Impolitesse des uns ou susceptibilité des autres ?

Ma voisine, avec qui je pensais entretenir des relations cordiales, me dévisage des pieds à la tête. Elle constate ensuite, à voix haute s’il vous plait, que j’ai une sale tête et que ma mauvaise mine me fait paraître 10 ans de plus. Je scrute son visage dans l’espoir d’y déceler une quelconque trace d’ironie mais je déduis à son air placide que le commentaire est sincère et prodigué de bon cœur.

 

Admettons que sa constatation soit avérée (après tout qui n’a pas pris 150 ans dans la tronche avec le confinement ?), est-ce une raison de me balancer ainsi la vérité nue ? Me voilà terriblement blessée.

 

J’informe mon mari néerlandais que les barbecues entre bons voisins sont terminés, dorénavant la famille qui vit à droite de la nôtre n’existe plus ! Face à moi se dresse un mur d’incompréhension, l’époux est confus. C’est pourtant vrai que le confinement m’a retiré ma fraîcheur d’antan. Même moi je le dis. Il faut vraiment que je cesse d’être aussi susceptible.

Ne serions-nous pas un peu coincés ?

Culturellement, le peuple néerlandais fait preuve d’une décomplexion absolue, fier de dire tout haut ce que le reste du monde pense (probablement) tout bas, à la manière d’un tonton réac à la fin d’un repas trop arrosé. Selon mon point de vue du moins, puisque si je fais part de mes observations aux principaux intéressés, les voilà qui s’insurgent : Ils ne sont pas impolis, ils sont francs (et visiblement dotés d’un sens de l’observation ultrapuissant qui joue souvent en ma défaveur).

 

En tant que Française, cette façon de communiquer me choque. Je n’irai pas jusqu’à dire que je ne trouve jamais rien à redire à quoi que ce soit, mais la bienséance m’impose de ne partager mes impressions qu’en l’absence des personnes concernées.

L’avantage d’être direct !

Je vous avoue que passé la surprise de voir régulièrement de parfaits inconnus m’énumérer tout ce qui ne va pas chez moi et m’expliquer comment y remédier, je me suis habituée à cette façon de communiquer si rafraichissante.

 

Lorsque je rencontre quelqu’un qui m’intéresse, je n’ai pas besoin de l’ignorer pour attirer son attention. Il me suffit d’être directe moi aussi et de me satisfaire du « J’ai un créneau de disponible jeudi dans trois semaines à 22 heures », qui est une réponse franchement positive à ma tentative de contact.

Quoi de plus agréable que de pouvoir dire franchement aux gens ce que l’on pense sans recevoir un accueil glacial ? Depuis que j’ai appris à accepter cette façon de parler à sa juste valeur, mon existence est bien plus simple. Tout ce temps jadis perdu à essayer de faire preuve de tact, je le passe dorénavant à profiter de la vie en terrasse, comme tout local qui se respecte.