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Les Néerlandais apprennent-ils à uriner debout ou assis ?

Les Néerlandais apprennent-ils à uriner debout ou assis ?

Chère Angélique,

Je mentirais si je te disais que c’est la première fois que j’entends parler de ce sujet. Eh oui, j’ai déjà eu des conversations sur le mode urinatoire néerlandais. Et visiblement, je ne suis pas la seule puisque la question est posée à plusieurs reprises sur Google. Je te propose donc que nous explorions ensemble cette vaste question.

Comme souvent, pour répondre à nos lecteurs, j’invoque mon mari, cobaye de mon cœur. Si je ne révélerais pas ici le détail de ses différents procédés d’évacuation naturelle, je me suis tout de même enquis d’un : « – Tes parents, ils t’ont appris à faire pipi debout ou assis ? ». La réponse, comme souvent, fut : « – Euh, je n’en sais rien, j’étais trop petit, je me souviens pas… ». L’homme s’est cependant mépris sur mes intentions et s’est ensuite mis à discuter de la continence future de notre fils de deux ans, et de la nécessité d’entamer son apprentissage en position assise. « – Je pense que c’est plus simple pour lui.  Mais tu sais, plus tard on pourra aussi lui montrer comment faire pipi debout et … » Je l’ai interrompu (et un peu déçu) en lui expliquant que je n’avais absolument pas le temps de pérorer éducation et que j’avais une question à creuser. 

Rétrospectivement, cet échange m’a tout de même fourni une première piste de réponse : un homme néerlandais parmi les 8,5 millions qui peuplent le pays considère qu’il vaut mieux apprendre à pisser assis.

 

Selon un article paru en 2015, 43 % des Néerlandais urinent assis. Ce chiffre est surprenant, mais pas aussi surprenant que la vision d’un homme en pleine action, alors qu’on a été élevé dans l’idée qu’un mec ça pisse debout, nom de Dieu ! Et c’est bien pour se défaire de cette image néandertalienne que certains Néerlandais (et pas seulement, l’idée semble se répandre à l’étranger) font leur petit pipi dans cette position. La classe et le besoin de modernité ne sont visiblement pas les seuls responsables de cette pratique que j’imagine être la plus confortable des deux options (Même si, franchement, je n’en sais rien, je n’ai jamais essayé le dispositif féminin prévu à cet égard.) 

Internet m’offre plusieurs autres pistes :

– Les garçons néerlandais en plein apprentissage de leur dispositif urinaire seraient dans l’ensemble pourvus de parents (ok de mères) qui ont déjà suffisamment de choses à faire pour ne pas en plus s’enquiquiner à éponger plusieurs fois par jour des postillons urinaires éparpillés autour du trône.

– Les hommes néerlandais seraient dans l’ensemble pourvus de compagnes qui rechigneraient à récurer des toilettes maculées d’une urine qui ne leur appartient en majorité pas. N’étant eux-mêmes pas très friands de l’activité ménagère, la pratique assise leur permettrait de s’épargner un récurage de porcelaine rébarbatif.

– Parlons-en de cette porcelaine ! Les toilettes néerlandaises disposeraient d’un fond d’eau moins conséquent que celles de leurs homologues étrangères. L’urine jaillissante viendrait alors se déposer sur des parois sèches, provoquant érosion, mauvaises odeurs et l’usage adapté de produits toxiques pour éradiquer la plaque jaunâtre. Uriner assis permettrait aussi de préserver l’environnement !

– Mais, la véritable raison, on la connaît, ne faites pas semblant. Cette position assise est bien plus pratique pour consulter son smartphone des heures durant alors qu’au-dehors, vagissent des enfants et un monde extérieur menaçant. En plus, cela limite les risques de faire tomber le dit téléphone dans les toilettes.

La question des toilettes néerlandaises est vaste : pourquoi aussi peu d’eau ? Et pourquoi cette petite marche dans le WC qui permet d’inspecter ce qui sort de son corps alors même qu’on pourrait parfaitement s’en passer ? Et pourquoi le siège est-il si haut ?

Tant de mystères qui pourraient nous faire penser que les Néerlandais représentent vraiment un peuple à part. De là à dire qu’aux Pays-Bas, ce ne sont pas les femmes récurent les toilettes du ménage, n’exagérons rien. Ici comme ailleurs, ces messieurs restent des privilégiés de la question sanitaire, comme nous le prouvent les nombreux urinoirs qui leur tendent les bras en ville, et les nombreuses amendes qui nous attendent quand nous, personnes dépourvues de zizi, nous soulageons entre deux voitures.