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Pourquoi les Néerlandais sont privés de feux d’artifice ?

Pourquoi les Néerlandais se transforment en pyromanes le 31 décembre (en temps normal) ?

Cette année, vous n’aurez plus à cacher  vos animaux de compagnie ni à coiffer vos bébés de casques anti-bruits le soir du 31 décembre. Pour cause de crise sanitaire, les célébrissimes feux d’artifice “maison” sont interdits cette année. L’occasion de revenir sur cette coutume qui divise autant qu’elle passionne puisqu’il s’agit là de la deuxième grande polémique nationale, juste derrière la question de Zwarte Piet.

Mais d’où vient cette tradition ?

La tradition des feux d’artifice a été chipée à la culture chinoise et ramenée aux Pays-Bas par Marco Polo. L’empire du milieu est réputé depuis longtemps pour ses célébrations grandioses de la nouvelle année où retentissent les pétarades assourdissantes des feux d’artifice. Et faire du bruit pour accueillir la nouvelle année, les Néerlandais, ça leur a toujours beaucoup plu. Les feux d’artifices qui détonnent joyeusement dans la nuit noire ont donc tout naturellement trouvé leur place dans notre bas pays, même si ce n’est que depuis les années 70 que la tradition a pris toute son ampleur.

La coutume des feux d’artifice

Strictement interdits tout au long de l’année, les feux d’artifices et autres pétards étaient jusque-là autorisés à la vente et à l’utilisation pendant les derniers jours du mois de décembre, il fallait donc en profiter. À la fin décembre, les étals des magasins se couvraient de Pijlen et autres voet seeker et il fallait parfois faire plusieurs heures de queue pour s’en procurer. On estime d’ailleurs que les Néerlandais dépensent chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros en feu d’artifice.

Si quelques explosions avant-coureuses retentissaient dans les rues les jours qui précédaient le réveillon, la folie lumineuse montait en puissance tout au long de la soirée du 31 pour atteindre son apothéose quand sonnait minuit. Les plus citadins d’entre nous avaient parfois la chance d’admirer la ville qui s’animait depuis un roof-top ou un balcon haut-perché. Ces feux populaires n’avaient pas l’envergure -ni la prétention – des show pyrotechniques professionnels mais leur nombre (et la fumée dense qui envahissait la rue) rendait le spectacle tout aussi impressionnant. Voir un poil inquiétant. Mais après tout, que seraient nos vies sans le délicieux petit pic d’adrénaline qui nous submerge au moment où nous réalisons que chaque seconde pourrait-être la dernière ?

La fin des feux d’artifices dans la rue ?

Cette coutume divise de plus en plus les Néerlandais et si l’interdiction ne concerne pour le moment que l’année 2021, cette tradition pourrait être amenée à disparaître complètement. Service des urgences débordés, dégradation de l’espace urbain, pollution de l’air, les désagréments sont nombreux et les autorités attendent l’excuse qui leur permettra d’interdire une bonne fois pour toute ces dangereuses explosions colorées. C’est dommage, mais en même temps, était-ce bien raisonnable de laisser des gens très alcoolisés manipuler un arsenal pyrotechnique ? En effet, vous êtes sûrement au fait de cette autre coutume, plus globale, qui exige que l’on boive beaucoup trop le soir du Nouvel An, avant de se jurer le lendemain qu’on ne nous y reprendra plus ?

Si je suis certaine que les irréductibles ne se laisseront pas faire et que de nombreux pétards continueront d’exploser ici et là, je vous conseille plutôt  de  vous tourner vers d’autres coutumes néerlandaises toutes aussi vivifiantes. Par exemple, la traditionnelle baignade dans la mer du Nord au matin du 1er janvier.

Allez ! Bonne année !