Expat’ aux Pays-Bas :
comment affronter l’hiver néerlandais ?

Illustration : Marie-Caroline Haddad

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Ceux qui y vivent depuis plus d’un an, le savent : l’hiver néerlandais peut être rude pour nous, Français. Même s’il est certain que l’adaptation sera plus ou moins abrupte, selon que l’on vienne de Nice ou de Lille, sachez que même pour les Cht’is, la différence de climat reste notable. Au pays des moulins, vous l’aurez noté, les nuits à rallonge et journées grises s’invitent de novembre à mars. Les quelques jours de beaux temps, qui viennent percer ce tunnel sombre et humide, sont symptomatiques d’une vague de froid, comme celle que nous vivons présentement. De quoi avoir envie souvent de prendre la poudre d’escampette et de considérer un déménagement en urgence à Montpellier ou Barcelone, pour retrouver un coin de ciel bleu et un peu de chaleur. Mais ne nous précipitons pas tout de suite vers la Méditerranée, car  dès avril, pour peu que la pluie veuille bien nous offrir une trêve, nous retrouvons le charme et la douceur de vivre à la hollandaise. Mais, en attendant « les beaux jours », comment ne pas sombrer dans la deprim’ de saison ?  

J’ai posé la question à deux professionnelles de la santé holistique et quelques expatriés au long cours, et j’en ai ressorti le petit condensé, que voici.

1. On entre en hibernation

Certes, nous ne sommes pas des ours, mais nous sommes, comme eux, sensibles à notre environnement et il va falloir les imiter un peu. Même si nous ne pouvons pas nous enfermer à double tours et disparaître pendant plusieurs mois, dès que les jours raccourcissent, ralentir nos activités reste notre meilleure option. Pour cela, il nous faut, en premier lieu, ne pas faire l’autruche (normal, on imite l’ours, on a dit), et accueillir l’arrivée de l’automne et de l’hiver. Accepter et comprendre que chaque saison nous invite à suivre un rythme qui lui est propre serait la clé de notre bien-être. Les apéros, qui s’éternisent et s’accumulent, sont pour les longues soirées d’été et non les froides nuits d’hiver. Dès la fin de la saison estivale, choisissons nos sorties nocturnes avec soin. On privilégie la qualité à la quantité. En faisant ainsi le tri, nous économisons notre énergie et évitons le classique burn out automnal. Cela nous permet aussi d’amorcer la « saison morte » en douceur. On ne passe pas de La Macarena à Sinterklaas kapoentje, en un claquement de doigt. L’idéal serait également de ralentir côté boulot et d’opter pour plus d’activités cocooning au fur et à mesure que l’hiver s’installe.

 « Patron, désolé.e, je ne peux pas venir demain, je passe la journée au sauna ! Ordre de Francine ! »

Oups…

2. On s’aère

« Quoi ? Mais je comprends plus rien, elle nous dit d’hiberner et ensuite de sortir ! »

Et oui ! Ralentir, ne veut pas dire s’arrêter complètement. Rien de tel qu’une promenade au contact de la nature pour se ressourcer et se recharger.
Une fois par jour, c’est O-B-L-I-G-A-T-O-I-R-E. Les deux expertes consultées sont formelles : forêts, parcs, mers …La nature n’attend que notre venue pour nous aider à remplir nos batteries et remonter notre moral. Car, comme le dit l’adage : « one walk a day keeps the blue away.. »

(Comment ça, je viens de l’inventer ?)

Alors même si le vent pique et que le ciel pleure, on chausse nos bottes de neige sur nos leggings léopard à coton thermique et haut les cœurs ! Et si, au passage, nous faisons des câlins aux arbres, l’avantage, c’est qu’ici, personne ne nous jugera. Pour rappel, les Pays-Bas sont quand même LE pays où rien n’est jamais bizarre !

3. On bouge en slow-motion

De l’ours au paresseux, il n’y a qu’un pas (très lent). En supplément de la sortie quotidienne, adopter une activité de cohérence cardiaque, une fois par semaine, est aussi un bon moyen de mieux vivre son hiver. Bonjour, Yoga tout doux, Qi Qong et Tai-chi des mamies ! Pour les véritables accros de la haute intensité, on remplace l’une des séances habituelles par une de celles citées au-dessus. Oui, oui, c’est à toi que je m’adresse madame Rocycle-Hot Flow Yoga-running-ès Crossfit. Comme le dit si bien la marque à la virgule,que tu affectionnes peut-être, ça aussi : « Tu peux le faire ! »

4. On est ce qu’on mange

Oui, vu la gastronomie locale, je comprends bien qu’on puisse lire « On hait ce qu’on mange ». On le sait, la nourriture, c’est l’autre gros point noir de notre pays d’adoption. On en a parlé et on en reparlera. En attendant, si on décide de sortir de notre obsession Franco-française du « bon manger » et d’investir un peu le sujet du « bien manger », on devrait s’en sortir. Oui, même aux Pays-Bas. L’avis de nos deux expertes est unanime, on mange local et bio, autant que possible. 

On privilégie un petit déjeuner salé (pour éviter les inflammations provoquées par le sucre), on mise sur des aliments riches en nutriments, on déjeune chaud (Adieu tartines et autres broodje !) et on dîne léger, pour bien dormir. On n’hésite pas à se supplémenter en vitamine D, si on sent que, malgré tout ça, on n’est pas encore au top, ou si on est sujet aux coups de pompes hivernaux. 

Évidemment, un bout de fromage de temps en temps, des koekje fondants et une bonne bière en passant, sont aussi de bons arguments pour garder le moral. L’idée, ici, c’est d’être raisonnable cinq jours par semaine pour s’amuser un peu plus les deux autres jours. 

« Comment ça, une raclette par jour, n’est pas LE régime idéal ? » 

5.On se fait un nid douillet

Vous avez remarqué qu’à défaut d’être de bons cuisiniers, les Néerlandais touchent leur bille en décoration intérieure ? Difficile de passer à côté quand il n’y a pas de volets aux fenêtres ! Après un premier hiver aux Pays-Bas, le Français comprend mieux pourquoi. Avec tout ce temps passé à l’intérieur, il est essentiel, pour garder la pêche, que notre lieu d’habitation soit à notre goût. Donc, si ça n’est déjà fait, on investit un peu de temps/et ou d’argent à se faire un nid douillet.

Pour résumer : 

On imite un ours qui bouge comme un paresseux, dans son nid douillet. 

Facile !

La bonne nouvelle, c’est que nous sommes en janvier et que le plus dur est passé. Vous ne me croyez pas ? Lors de votre prochaine promenade, regardez à vos pieds : les premiers perce-neiges ne vont plus tarder et, avec eux, la promesse du printemps et des jours allongés !

Des allergies aussi, vous me direz…

Ben quoi ? Ourse ou paresseuse, je suis surtout française, moi ! Râler, c’est dans ma nature !

 

Un énorme merci à Pascale Lamacchia et Alice Cocuelle pour leurs contributions.