Pourquoi fêter Kingsday quand tu es parent c’est (presque) pareil que quand tu n’as pas d’enfant ?

francineàvelo_kingsday_avec_des_enfants crédits Pauline Boué

Temps de lecture

0 minutes

Le 27 avril, les Pays-Bas célèbreront Koningsdag, la fête nationale. Pour les impies qui ne connaissent pas (encore) le concept de Kingsday, il s’agit d’une journée où la loi des hommes n’a plus cours. Le territoire entier se transforme en un vide grenier / night club géant. Et pour ceux qui trouvent le concept un peu étrange, il semblerait qu’il remporte pourtant un franc succès.

Mais si les fêtards du pays attendent avec impatience ce moment de joyeuses débauches, les jeunes parents, eux, rongent leur frein en se remémorant avec nostalgie leurs incroyables beuveries d’antan. Passons le fait que ces souvenirs sont probablement induits puisque – alcool aidant- personne ne se souvient jamais clairement de ce qu’il a trafiqué pendant cette journée et concentrons-nous sur l’essentiel : Kingsday avec un enfant ressemble à s’y méprendre à Kingsday sans enfants. Si, si, faites-nous confiance : 

Vous déambulez dès 8 heures du matin

Sans enfants : Un pote espagnol organise une fête pour célébrer Koningsnacht. Pour vous aider à tenir toute la nuit et la journée du lendemain, il vous propose une petite aide “vitaminée”. Tout est parfaitement légal, selon lui. Enfin, c’est ce que vous pensez comprendre, entre son accent à couper au couteau et le vôtre, il aurait pu prononcer le terme “totalement illicite” sans que vous ne pigiez le moindre mot. Trop tard, vous avez déjà ingéré la vitamine. Vous riez, vous aimez tout le monde. Il est minuit, il est trois heures, il est huit heures du matin, les oiseaux chantent et le soleil brille. Vous déambulez dans la rue, vos larges pupilles ouvertes sur le monde qui vous entoure, prêt à profiter de cette nouvelle journée de fête.

Avec enfants : Parfois, les copains sans enfants viennent crâner sous prétexte qu’ils ont fait la teuf toute la nuit. Vous bâillez. De fatigue d’abord, mais aussi parce que c’est d’un banal… Vos enfants aussi font Kingsnight, et Lundi Night, Mardi Night, Mercredi Night etc. aussi. D’autant plus que vos enfants n’ont pas besoin de produits douteux pour rester éveillés, EUX. Vous, si. Il est huit heures et vous avalez une capsule de gingembre/ginseng avec votre troisième café, alors que vos enfants sobres comme des agneaux (enfin je suppose) s’enjaillent sur Kinderen Voor Kinderen dans le salon. Au troisième passage de ZiigZaag, vous habillez tout le monde pour choper les premiers vendeurs. Qui sait, à cette heure-ci, il y aura peut-être encore des bibelots intéressants ?

Vous achetez des trucs moches et qui ne servent à rien

Sans enfants : Quand vous êtes sobres, vous rejetez en bloc ce consumérisme de rigueur qui nous pousse à dépenser des sommes folles dans des objets inutiles souvent fabriqués dans des conditions catastrophiques. C’est pour ça que vous avez rejoint vos amis seulement vêtu d’un jean et du même t-shirt orange que vous recyclez années après années. Quelques verres plus tard, un vendeur ambulant paré de lunettes géantes et d’un chapeau de cow-boy vous secoue un boa orange sous le nez. IL ME LE FAUT, hurlez-vous avant d’en profiter pour acquérir le chapeau de cow-boy, ainsi qu’un set de petits poses-verres flottants oranges, absolument indispensables. On ne sait jamais, ce Kingsday pluvieux pourrait parfaitement se terminer autour d’une piscine dans le sud de la France !

Avec enfants : À peine avez-vous mis le nez dehors que votre enfant a déjà repéré un Playmobil chauve esseulé, pourtant bien dissimulé au milieu des DVDs de Karaté Kid et autres lampes à huile hantées. À dix centimes d’euros, c’est vrai que ça ne fait pas cher le bibelot cassé ! Résultat de vos emplettes : le Playmobil peut désormais compter sur le soutien d’une poupée licorne sans corne (oui, un cheval) et d’une peluche Hamster Albert Heijn que, contrairement à son ancien propriétaire, vous n’avez pas récupérée gratuitement en achetant deux paquets de Grand’Italia avec votre bonus card.

Tout le monde boit beaucoup trop

Sans enfants : En chacun de nous, sommeille un adolescent ivre mort qui attend Kingsday avec impatience pour danser comme jamais devant une épicerie transformée en club électro pour l’occasion. Comme le gérant profite de l’événement pour valoriser son rayon alcool fort, vous déclarez rapidement votre amour à d’illustres inconnus en leur jurant que votre taux d’alcoolémie n’est pour rien dans votre affection soudaine (si). Soudés par cet élan de connivence collective, vous vous retrouvez les fesses à l’air à uriner entre deux voitures avec un de vos nouveaux amis. Malheureusement, les policiers néerlandais qui patrouillent dans le coin ne semblent pas considérer que la magie de cette rencontre constitue une raison valable pour souiller la chaussée. Votre compagnon de fortune conteste l’amende en menaçant de taper sur les représentants des forces de l’ordre. Le charme est rompu. Vous filez sans demander votre reste et en profitez au passage pour récupérer votre colocataire qui s’endort sous un porche avant de rentrer chez vous en titubant.

Avec enfants : Votre enfant en est déjà à sa quatrième limonade et braille sur le trottoir sans se soucier du monde qui l’entoure. Soudain, il doit uriner. Vite, vous vous réfugiez entre deux voitures pour soulager la petite créature, sans réaliser qu’à quelques mètres, deux policiers vous regardent d’un drôle d’air en dégainant leur petit carnet. L’enfant qui n’a que faire de son rappel à l’ordre coûteux, siffle avec provocation sa cinquième limonade. Il ne marche plus très droit, mais trouve encore l’énergie nécessaire pour vous réclamer une petite figurine Pat Patrouille qui trône fièrement sur le trottoir, entre un calendrier 1995 de Johan Cruijf et un réveil-matin en acajou. Le petit s’apprête à s’en emparer quand un autre marmot, visiblement très imbibé au Fristi, se jette à son tour sur le jouet. Une bagarre éclate, le stand vole en éclat et vous voilà obligé de porter l’enfant qui ne tient plus debout jusqu’à son lit.

Vous mettez quatre jours à vous en remettre

Sans enfants : Le colocataire s’effondre sur son lit, non sans avoir au préalable vomi sur l’étagère à chaussures. Vous vous écroulez à votre tour sans même consulter l’heure et vous rendre compte qu’il est en vérité 18h30. Vous vous réveillez tout habillé, assoiffé et désorienté aux alentours de trois heures du matin. Une odeur de bière prédigérée flotte dans la maison. Soudain, une vérité absolument atroce s’impose à vous : le 28 avril n’est pas férié et vous n’avez pas posé de jour de congé.

Avec enfants : L’enfant s’effondre sur son lit, non sans avoir au préalable vomi sur l’étagère à chaussures. Vous vous écroulez à votre tour sans même consulter l’heure et vous rendre compte qu’il est en vérité 18h30. Vous vous réveillez tout habillé, assoiffé et désorienté aux alentours de trois heures du matin. Une odeur de limonade prédigérée flotte dans la maison. Soudain, une vérité absolument atroce s’impose à vous : le 28 avril n’est pas férié et vous n’avez pas posé de jour de congé

Les membres de l’équipe de Francine à vélo en profitent pour vous souhaiter un bon Kingsday, que vous soyez parents ou non ! De toute façon, ça ne change rien !